LA QUARANTAINE C’EST A 35 ANS

etudes-donnees-chiffres-enquetes-story-mind
Notre étude sur les femmes réalisée pour Prisma Média a fait l’objet d’un nouvel article dans la revue ADN. Cette fois-ci, le magazine a fait un focus sur les 35-55 ans. Si vous souhaitez lire l’article dans son intégralité : CLIQUEZ ICI . Pour les autres, voici un résumé!

 

 

La quarantaine commence à 35 ans

Synchronisez vos montres, la quarantaine arrive plus vite que prévu. Et pourtant, ce n’est pas une mauvaise nouvelle !  Une femme de 40 ans, une routine bien installée, un mari et des enfants à choyer et/ou une carrière à son apogée, un événement perturbateur violent comme un deuil, un divorce ou un burn-out, un voyage (au bout du monde ou intérieur) en forme d’occasion pour notre héroïne de se retrouver enfin… Ce pitch vous est familier ? Rien de plus normal, ce scénario éculé est décliné à l’envie au cinéma depuis des années : Camille redouble (Noémie Lvovsky, 2012), Mange Prie Aime (Ryan Murphy, 2010), Blue Jasmine (Woody Allen, 2013) ou encore Lulu Femme Nue (Solveig Anspach, 2014). Une mythologie tenace, mais pas totalement fausse.

 

 

L’heure du premier bilan dès 35 ans

Après s’être souvent surinvesties dans tous les domaines de la vie (couple, foyer, travail, famille…) pour tenter de s’approcher d’un modèle chimérique, les femmes de plus de 35 ans sont nombreuses à s’interroger sur leur quotidien, leur désir profond et même à se lancer dans une forme de bilan du milieu de vie. Résultat : selon l’étude Féminités réalisée par l’institut Storymind en exclusivité pour Prisma Media Solutions, la quarantaine ne commencerait pas à 40 ans, mais bien à… 35 ans !

 

 

Ce qui pousse les femmes à s’interroger ? Un burn-out, des maladies chroniques qui commencent à se faire sentir, une société décevante parce qu’elle n’a pas tenu ses promesses d’émancipation, un renoncement devant le quasi-impossible affranchissement des tâches domestiques, des responsabilités qui pèsent trop lourd, un manque de reconnaissance au travail, ou encore le sentiment, loin d’être irrationnel, d’un plafond de verre… de quoi replonger dans ses désirs de jeune femme et se poser des questions fatidiques : qu’ai-je fait de mes rêves ? Suis-je vraiment heureuse ainsi ? Qu’est-ce qui me ferait du bien ? Est-ce que j’éduque bien mes enfants ? Où va mon couple ?

 

 

Du spleen et du slow

Plus fébriles que les précédentes générations, les femmes de plus de 35 ans sont essoufflées par un mode de vie plus rapide. Elles doivent aussi composer avec la crainte des bouleversements environnementaux et l’éco-anxiété, le nouveau mal du siècle. Dans ce contexte, les femmes multiplient les stratégies pour trouver des antidotes. Résultat ? Les formules slow pullulent : slow parentingslow cosmetic, slow travel, slow fashion, slow food, slow working… les femmes veulent ralentir ! Ce qui est important pour elles ? Profiter de l’instant présent et se recentrer sur le mieux-vivre, quitte à désinvestir la sphère sociale. Et les coachs exploitent le filon avec des messages plus ou moins convaincants : « explorez votre potentiel, reliez-vous à vous-même, choisissez la joie, faites rayonner votre lumière… ». Les voyages dits « transformationnels », eux, séduisent toujours plus de femmes qui éprouvent des difficultés à se recentrer.

 

Côté boulot, les femmes sont nombreuses à désinvestir la sphère professionnelle. Le travail n’est plus au cœur de leurs priorités, il est simplement considéré comme une source de revenus. Selon l’anthropologue Fanny Parise, la plupart des individus n’accordent plus de valeur au travail et préfèrent se recentrer sur eux-mêmes et sur leurs proches. Si certaines n’ont pas les moyens d’arrêter définitivement de travailler, elles se tournent vers l’auto-entrepreneuriat avec sa promesse de flexibilité. Une autre façon de trouver son rythme. Comme si, plus que jamais, il ne fallait dépendre de rien, ni de personne…

 

 

Trouver sa liberté et en abuser !

Parce qu’il s’agit bien de cultiver la liberté d’être soi. En actionnant le mode detoxlife, les femmes de plus de 35 ans vont chercher d’autres bonheurs que ceux qu’elles pouvaient trouver dans la maternité, au travail ou encore dans la vie conjugale. C’est une période où l’on cherche ce qui pourrait nous convenir, où l’on tente et expérimente. Certaines femmes vont jusqu’à régresser et se laisser aller. Pour se recentrer et enfin se trouver, certaines femmes n’hésitent plus à partir au bout du monde… et seule ! Des programmes intitulés « je voyage seule » commencent à se faire une place dans l’industrie du tourisme, quand les offres de voyages « entre copines » fleurissent aussi sur la toile pour séduire les moins téméraires…

 

Mais avec l’impression que tout peut s’arrêter du jour au lendemain, cette euphorie du milieu de vie peut vite s’accompagner d’un besoin de se préserver d’un monde extérieur perçu comme menaçant. L’étude Féminités by Prisma Media Solutions parle du « mom’s cocoon », comme un écran à la dureté du monde. Devant des codes qu’elles n’arrivent pas à maîtriser (mutation des mœurs et des usages, numérisation de la société, menace climatique…), les mamans se reposent parfois sur leurs enfants. Toujours selon l’étude Féminités, ce qui compte pour les femmes de plus de 35 ans c’est l’affection et l’harmonie en priorité. La sexualité les intéresse moins, l’affection est devenue plus importante (+15 pts en 2019 vs 2010). A noter également, les femmes de plus de 35 ans ont de plus en plus peur d’être seules.

 

 

S’assumer pour sortir de l’invisibilité

Les femmes souhaitent de plus en plus s’affranchir du regard des autres. Pour Camille Froidevaux-Metterie, philosophe, un fossé se creuse à partir de 50 ans. « Notre culture esthétique valorise les quinquagénaires quand ce sont des hommes, elle les stigmatise quand ce sont des femmes. Pour elles, la cinquantaine demeure associée à la ménopause qui exclut les femmes de la catégorie des procréatrices mais aussi de celle des femmes désirantes. Elles n’ont pas le droit de vieillir comme elles l’entendent. »

 

Mais heureusement, ça bouge ! Les femmes réclament des contenus avec des femmes qui assument leur âge et veulent entendre des discours qui valorisent leur force de caractère. Assumer ses cheveux blancs et en faire un objet de séduction grâce au coup de gueule de Sophie Fontanel, montrer son corps pour répondre aux insultes de Yann Moix, rejoindre le Manifeste de la commission Tunnel de la Comédienne de 50 ans pour lutter contre le sexisme et l’âgisme dans le cinéma… les femmes sont de plus en plus nombreuses à rejeter la place trop étroite que leur offre la société.

 

Se reprendre en main, ralentir le rythme, se préserver et être une belle personne… voilà ce que désirent les femmes de 35 à 55 ans, selon l’étude Féminités by Prisma Media Solutions. Entre fuite et retour vers soi, les femmes luttent, à tous les âges, pour leur émancipation. Et même s’il faut arrêter de tricher ! Assumer son âge, ses envies, ses passions et sa (ou ses) sexualités est un exercice extrêmement difficile dans une société inégale et qui s’évertue à faire de l’avancée en âge des femmes une fatalité, voire une malédiction. Mais c’est un exercice qu’elles font. Elles résistent pour exister, mènent ces combats pour elles-mêmes et parfois pour survivre. Et ça les autres femmes, notamment les plus jeunes, en profiteront. Tôt ou tard…